jeudi 31 janvier 2013

Monsieur Tarantino

                                                      
Deux forces principales guident l'oeuvre de Quentin Tarantino: 1- l'amour du cinéma et sa capacité (son talent son génie appelez ça comme vous voulez) à nous le faire partager et 2-l'amour du cinéma qui le pousse à rendre hommage à ses prestigieux devanciers. Et à ses deux forces s'ajoute un goût de l'ironie qui lui permet de remettre une histoire en perspective, de prendre une distance avec l'action comme pour dire régulièrement: "souriez tout cela est du cinéma"
Je crois que jamais il n'avait atteint aussi clairement ces trois aspects que dans son dernier opus "Django unchained"
Si vous avez aimé "reservoir dogs" et ses gangsters déjantés

Si "pulp fiction" a été pour vous une révélation par son montage et sa musique


Si le pastiche magnifique des films de kung-fu  vous a fait voir et revoir "kill Bill" avec passion


Alors précipitez vous, Django est plus que tout cela. Sur un scénario triple enchaînant les thèmes classiques du western que sont la minorité opprimée (ici les esclaves noirs), la vengeance et les chasseurs de primes qui parcourent l'ouest, Tarantino déroule une histoire pleine de bruit et de fureur comme il sait si bien le faire mais au-delà il nous offre un filmage-hommage à John Ford (les paysages de neige infinis où cheminent les héros) et à Sergio Leone (ah! l'usage du grand angle et de la profondeur de champ dans il était une fois dans l'ouest), au western-spaghetti et au western tout court.
Ajoutez à cela une distribution royale (mention spéciale à Di Caprio tout à fait immonde et Christoph Waltz réjouissant en escroc chasseur de primes) et une bande son "tarantinienne" qui mêle classiques du western (Morricone) de la country (Cash) et morceaux inédits, (je gage que cette musique rejoindra la bande culte de pulp fiction)  et vous obtenez le film à ne pas manquer en ce début d'année.
Quentin Tarantino à l'instar d'un Stanley Kubrick, balaye film après film tout l'univers du cinéma mais il le fait chaque fois avec l'oeil du cinéphile.
Et c'est ainsi que Quentin est grand!
Allez courage! demain il fera jour

lundi 28 janvier 2013

L'esprit du Vendée Globe


J+1 les bateaux sont à quai, en bon état compte tenu du chemin parcouru depuis le 10 novembre


     
Les skippers n'en ont pas encore fini, ils sont présents à la vacation de 12h30 au village du VG; ils commencent à parler des embûches évitées et des problèmes affrontés qu'ils ont soigneusement cachés pendant la course. La discussion avec JP.Dick qui navigue sur un bateau sans quille ne manque pas de saveur, les 2 marins se rejoignent pour l'inciter à la prudence.... eux qui n'ont pas relâché la pression avant hier soir aux Sables          .
                     
Jean Le Cam par radio: "j'ai l'air de quoi? je suis cinquième et vous m'avez mis 10 jours, pas une semaine, 10 jours! je n'ai plus qu'à reprendre mon tracteur...." Sur la scène les deux vainqueurs sont presque gênés c'est ça l'esprit du VG
Allez courage! demain il fera jour
(photos KH)


dimanche 27 janvier 2013

La fête à Jules


Une fois n'est pas coutume je dédicace ce message consacré à l'arrivée du Vendée Globe à Maxence et Jules, autrement dit en regardant arriver François Gabart: "place aux jeunes"
Refermons donc cette parenthèse privée. En 1872, Jules Verne écrit "le tour du monde en 80 jours" récit de voyages et d'aventures qui voit son héros Philéas Fogg faire le tour du monde à la suite d'un pari en utilisant les derniers  progrès techniques et ne remportant son pari que grâce au décalage horaire.
En 1985 Yves Le Cornec s'inspire de l'histoire pour créer un trophée maritime qui sera inauguré en 1993 par Bruno Peyron et que détient depuis 2012 Loïc Peyron (entre temps Blake, Kersauson et Cammas s'y illustreront)
Quel rapport avec le VG? aucun (multicoque en équipage contre monocoque en solitaire) sinon que le trajet emprunte les 3 caps mythiques: Bonne-Espérance, Leeuwin, Horn
Il n'empêche qu'à chaque édition du VG on garde un oeil non sur le record mais sur le fameux mur des 80 jours.
Et bien c'est fait, le temps de 80 jours a été pulvérisé (78 jours) non pas par un mais par deux navigateurs arrivés à 3 heures d'écart aujourd'hui aux Sables d'Olonne: François Gabart et Armel Le Cleac'h.
Décrire l'ambiance qui régnait aujourd'hui n'est pas dans mes compétences, ces moments rares doivent être vécus. Au lieu de ça et comme j'en ai pris l'habitude je résume:
François Gabart a 29 ans, formation d'ingénieur, 1er VG, 1ère victoire assortie du record de l'épreuve, du franchissement de la barre des 80 jours et du record de la plus grande distance couverte en 24h 
et en prime beau gosse..........  
Comme le disait Coluche certains sont plus égaux que d'autres ( et là c'est un compliment)
  

Allez courage! demain il fera jour

BONUS : Le VG incite à tous les excès, vous avez aimé l'arrivée cet après-midi? De nuit c'est une féerie....
Allez c'est la fête on y va 
   
                                      
(photos KH : arrivée et podium de F.Gabart et de nuit le chenal pour A. Le Cleac'h)




samedi 26 janvier 2013

L'attente

François Gabart et Armel Le Cleach sont à 24h des Sables et les pontons sont encore déserts

Erreur! A quelques mètres de là, le chapiteau qui abrite le PC et les vacations est comble
La foule attend le contact radio avec Jean-Pierre Dick et Dominique Wavre (pas question de déranger les 2 premiers ils auront assez à faire à l'arrivée).
Sur scène avec les officiels du VG, le "prof" Michel Desjoyeaux et Marc Guillemot* (malchanceux cette année  mais 3e en 2009 avec un bateau sans quille et ballasté comme celui de Dick en ce moment) débriefent les dernières heures de la course      
Alors un dernier mot, ces types sont simplement formidables, simples, naturels, tranquilles derrière un micro, comme ils le sont dans les pires galères

 
Bref! je ne vais pas casser une si belle ambiance mais "c'est pourquoi je me permets d'intimer l'ordre à certains salisseurs de mémoire de fermer leur claque-merde! (M.Audiard-F.Blanche les tontons flingueurs)

Allez courage! demain il fera jour 

*En 2008 Marc Guillemot s'était dérouté et porté au secours de Yann Eliès au sud de l'Australie
(photos KH)





vendredi 25 janvier 2013

Elle ne soufflera plus*

Il se passe toujours quelque chose aux Sables d'Olonne. Ce matin, alors que l'on attend l'arrivée de François Gabart et Armel Le Cléach, toute la ville ne parle que d'une chose : une baleine s'est échouée aux présidents!
Au Pierrot, au PC du Vendée Globe, ou à la librairie centrale un seul mot, un seul objet : LA BALEINE. N'écoutant que son courage, votre scarabée préféré enfourche son vélo et file au bout du remblai.
La bête est là, ensanglantée, meurtrie probablement par les rochers tout proches

 Très vite les autorités réagissent, police municipale, cordon sanitaire et 2 tractopelles viennent affronter le monstre.
    

La virtuosité des pilotes de tractopelles, aidés (?) par les conseils contradictoires de la centaine de badauds présents sur les lieux, n'y fera rien le monstre sort vainqueur de l'affrontement
On ne peut que le pousser à l'abri du remblai pour le préserver des marées à venir. 

Allez courage! demain il fera jour

* autre titre possible "en attendant le Vendée Globe"
(photos KH)

mardi 22 janvier 2013

jusqu'au dernier jour


                      

Ce Vendée globe nous donnera des frayeurs jusqu'au bout. On attendait tranquillement dans nos fauteuils le sprint final en baie des Sables et c'est encore possible pour les deux premiers mais pour Jean-Pierre Dick la course va s'arrêter aux Açores. On imagine la déception après 22000 milles dans le peloton de tête. On peut aussi imaginer la frayeur du marin, le bruit énorme, brutal de la quille qui lâche, le bateau qui part au lof et se retrouve couché...........Il faut un sacré sang-froid au marin pour éviter de chavirer. Les décisions, les actes doivent être pris en quelques secondes. JP a prouvé là encore tout son talent. On espère le revoir très vite sur d'autres défis et pourquoi pas dans 4 ans.

Pour rappel: JP a terminé 6e de son premier VG en 2005 et a dû abandonner en 2009 suite à la rencontre d'un OFNI alors qu'il était en tête de course.Il a par ailleurs à son palmarès 3 transat et 2 Barcelona World


Allez courage, demain il fera jour

(photos KH, JP Dick sur son bateau au départ de 2008, Virbac au ponton en 2012)


PS: A partir de la fin de semaine j'espère vous présenter le retour des héros

samedi 19 janvier 2013

Moi mon colon, celle que je préfère....


En décembre dernier, mon libraire (librairie des cordeliers Romans) programme sur son blog une rencontre avec le dessinateur Maël à l'occasion de la sortie du 4e et dernier tome de la BD réalisée avec le scénariste Kris : "Notre mère la guerre". Les ingrédients: B.D. + guerre de 14 + polar étant suffisants pour me faire descendre de ma colline, je m'y rends et rencontre Maël.
Cet ouvrage constitue sa première collaboration avec Kris. Il n'avait pas auparavant abordé la grande guerre et me dit avoir puisé sa documentation dans les récits et témoignages de l'époque-"les croix de bois" de Dorgeles, les récits de Genevoix ou les carnets de Coeurdevey (tous livres que je conseille pour une approche "vécue" de ce qui reste la plus grande boucherie de l'histoire)
Mais parlons du livre, Kris et Maël ont pris comme fil rouge une enquête sur une série de meurtres de femmes en première ligne en 14-15, menée par un lieutenant de gendarmerie. L'intrigue est bien construite, ne manque pas de rebondissements mais est surtout prétexte à nous faire revivre ces 4 années de carnage et même à mener dans le dernier tome une réflexion sur l'homme dans la guerre en général.
Kris dans son scénario ne nous épargne rien, les tranchées, la boue, les bombardements et jusqu'à l'apparition des gaz et des premiers chars.
Mais surtout cette oeuvre est forte et sort des productions habituelles par l'ambiance, les couleurs, l'atmosphère qu'a su recréer Maël. Pour tout dire lorsque j'ai lu les ouvrages cités ci dessus c'est bien dans ces boyaux glauques, la fumée et les lueurs d'incendie et d'explosions que je me représentais le décor dans lequel des millions d'hommes sont morts pendant quatre ans
Au final une bonne nouvelle, dans le monde de la bande dessinée, LE spécialiste de la grande guerre Jacques Tardi  n'est plus seul.
     

Allez courage! demain il fera jour

PS: je reviens prochainement sur l'oeuvre de Jacques Tardi qui vient de publier un ouvrage illustrant les mémoires de son père au stalag IIB pendant la seconde guerre.
2e PS: J.Tardi vient de refuser la légion d'honneur:"ils n'ont pas dû lire mes BD au ministère"


mercredi 16 janvier 2013

Attention chef d'oeuvre

Le propre d'un chef d'oeuvre, qu'il soit peinture, roman ou film est qu'il touche au plus profond de nous au point de s'y immerger, d'essayer d'allonger le temps pour garder ce contact quasi miraculeux qui fait tout oublier en dehors de lui. Qui n'est pas resté face à une toile de Renoir sans pouvoir s'en détacher? Il se trouve que j'ai récemment relu un livre et visionné de nouveau un film dont la source commune s'appelle Thomas Mann. Je veux parler de "la montagne magique" et de "la mort à Venise". Le second porté à l'écran par un maître dans son art : Luchino Visconti.
Et pourtant quel est le fondement commun à ces deux oeuvres? la mort
La mort enveloppante, douce mais toujours présente dans ce sanatorium de la montagne suisse, tellement douce et lente que ceux qui la quittent semblent précipiter l'inéluctable.
La mort douloureuse dont on ne sait pas si elle vient de l'impossibilité d'établir un contact avec l'être aimé ou de l'épidémie de choléra qui règne à Venise, l'une n'excluant d'ailleurs pas l'autre.
Nous vivons le cheminement vénéneux de Hans Castorp pris dans le cocon de cette vie de malade hors du temps de la même façon que nous endossons la détresse du professeur Aschenbach qui guette le jeune Tadzio dans le monde clos qu'est Venise, dans ses ruelles et dans cet hôtel qui semble par sa faune n'avoir pas plus de réalité qu'une scène de théâtre.
La fin des deux oeuvres est similaire dans sa brutalité, Hans ne sortira probablement pas vivant de la charge furieuse qui ouvre la guerre de 14, et Aschenbach s'éteint dans un fauteuil face à la lagune en regardant Tadzio tandis que résonne la musique de Mahler.
Quelle est donc cette magie qui fait revoir le film et rouvrir le livre une fois achevées les deux histoires?
Bien sur il y a la langue, bien sur Dirk Bogarde est magnifique mais ça ne suffit pas........
Le signe du génie est qu'il peut se commenter mais ne s'explique pas. Lorsqu'on a la chance de le rencontrer il faut prendre ce qu'il nous donne, avant tout le plaisir.


(P.A.Renoir "la lecture")

Allez courage, demain il fera jour