samedi 30 mars 2013

1h 35 de bonheur

Les jours de pluie ont aussi du bon, je viens de visionner un des rares films de Woody Allen que je ne connaissais pas (non pas Zélig bien sur mais la veine policière de Woody avec le rêve de Cassandre).
Quel que soit le sujet qu'il aborde, on sort toujours heureux de la projection d'un W.A., que l'on soit dans une intrigue, une comédie où des réflexions plus profondes sur le couple, la famille où le mysticisme. 

Oui il y a une veine mystique chez Woody Allen, sérieuse dans "comédie érotique d'une nuit d'été" où l'auteur oppose l'intellectuel cartésien qui se doit de tout expliquer et les forces de la nature qui finiront par avoir raison de lui ou de pure comédie quand le personnage joué par le cinéaste nous gratifie dans sa recherche d'une religion qui lui convienne (je suis parti du mauvais pied avec mon propre truc!) de cette réplique culte: "j'ai essayé Nietsche et le mythe de l'éternel retour.... mais ça veut dire que je vais devoir me retaper Holiday on ice!!!)
Ma première rencontre avec le cinéma de Woody Allen date des années 70 lorsque j'ai visionné Annie Hall, je découvrais un monde sous la conduite de Diane Keaton et lorsque Woody éternua dans la boite de cocaïne lors d'une soirée intello à NY, celà acheva de faire de moi un afficionado du maître de l'humour juif  New-yorkais. Je retrouvais cet univers dans Manhattan (pour moi c'est le top) puis dans Hannah et ses soeurs.
Aucun des films de Woody Allen ne passe sans laisser une image une réplique une phrase que l'on n'oublie plus. 


  

Parlant d'un orchestre de "rock metal" "ne restons pas là, à la fin du morceau ils vont prendre des otages
ou encore sortant d'un concert "lorsque j'entends trop de Wagner j'ai envie d'envahir la Pologne"
On ne finirait pas d'égrener ses morceaux de bravoure et chaque film en apporte son lot

Mais Woody Allen, c'est aussi un cinéma plus intime dans le sillage de son maitre Ingmar Bergman et c'est alors la poésie d'Alice, ou de September

Woody Allen tout au long de ses 45 films a exploré de nombreux univers mais toujours avec une légèreté qui enchante et je voudrai citer particulièrement trois films comme trois OVNI qui peut-être sont les plus personnels:
Zélig bien sur le double de tous puisque caméléon mais d'abord de Woody lui-même, 
Accords et désaccords qui nous rend l'amour du jazz du cinéaste en nous racontant la vie du meilleur guitariste de jazz au monde (sauf peut-être un gitan en Europe...................)
Et enfin le rêve de tout amoureux du cinéma: entrer dans la toile pour vivre dans un film comme Mia Farrow dans "la rose pourpre du Caire"
 
J'allais oublier un dernier chef d'oeuvre (on se peut plus s'arrêter avec Woody) le premier film "européen" de W.A. en ce sens que par delà les questions existentielles habituelles il approche le thème de l'holocauste. Il s'agit de "stardust mémories"
Un film de Woody Allen décidemment, et pour paraphraser une chanson des années 60, c'est "1 h 35 de bonheur"
Quelques citations du Maître pour la route et en attendant son prochain opus:
-je ne crois pas en l'au-delà mais j'emmènerais quand même des sous-vêtements de rechange
-et si tout n'était qu'illusion, que rien n'existait? dans ce cas j'aurais vraiment payé mon tapis trop cher
-l'éternité c'est long, surtout vers la fin

Aller courage! demain il fera jour



dimanche 17 mars 2013

habemus François


Compte tenu de la main mise de l'église sur notre monde occidental depuis son premier acte sectaire de 391 (interdisant les cultes païens en impliquant la fermeture des temples égyptiens)  il était peu probable que j'écrivisse un article sur un nouveau pape dans ce bloc-notes, qui plus est un article favorable. Mais voilà, le nouveau pape a choisi François comme nom de titulature en une référence claire au fondateur des franciscains qui défendirent et revendiquèrent la pauvreté du christ en opposition avec les fastes révoltants de l'église de Rome. Si nous ajoutons à ce symbole les nombreuses anecdotes concernant le cardinal de Buenos-Aires dans sa conduite envers les pauvres, on se prend à rêver à une transformation de l'église de Rome épousant les causes des déshérités et pourquoi pas prenant le parti des victimes de plus en plus nombreuses de la mondialisation galopante à laquelle nous assistons.
Ses premiers mots, leur style surtout et la manière semblent aller dans ce sens. C'est vrai les catholiques ne sont pas la communauté la plus nombreuse sur terre mais les dits et les faits des papes sont toujours écoutés beaucoup plus largement, et leurs encycliques commentées plus largement encore ( voir "rerum novarum"*sur la doctrine sociale de l'église ou "mit brennender sorge"** contre le nazisme). Alors les bonnes nouvelles se faisant rares accueillons celle-ci avec optimisme et confiance.
Allez courage demain il fera jour
(photo JSS news)(pour les curieux c'est un clin d'oeil)

*les choses nouvelles
** dans une brûlante inquiétude (1937)

lundi 11 mars 2013

On a brûlé Carmentrant

Comme chaque année, selon une tradition qui remonte au moyen-âge, Romans a fêté la sortie de l'hiver et l'entrée dans le carême (carème-entrant) en déroulant son fameux carnaval (carne vale) dont l'issue voit le personnage principal "carmentrant" être brûlé en place publique.

Ces festivités réconcilient d'une certaine façon les traditions païennes et chrétiennes qui voyaient au moyen âge, et avant le recueillement du carême s'affronter (le plus souvent par la dérision) la plèbe et les classes dirigeantes de la ville.
              
Mais il arriva aussi que cet affrontement, du fait de disettes et de rancoeurs accrues, se transforme en émeute sanglante comme lors du carnaval de 1580 qui se continua en révolte ouverte dans tous les villages alentour et se solda par une hécatombe (1500 à 2000 morts du 26 au 28 mars 1580).
Il faut sur le sujet lire l'ouvrage d'Emmanuel Le Roy Ladurie "le carnaval de Romans" paru en 1979
Aujourd'hui encore chaque édition du carnaval, par delà la fête légitime et nécessaire ô combien, témoigne des doléances du moment même si celles ci restent discrètes. 
                
Permettez-moi un avis: La liesse et la lucidité forment un mélange plutôt sympathique.                                                     
Allez courage! demain il fera jour
  (photos KH)                                      







mercredi 6 mars 2013

Aujourd'hui : rien

Aujourd'hui : rien, c'est ce que Louis XVI nota dans son journal à la page du 14 juillet 1789. On a beaucoup glosé sur cette anecdote, il s'agissait seulement d'indiquer qu'il était rentré bredouille de la chasse ce jour-là.
L'émeute qui conduisit à la prise de la Bastille ne fut connue à Versailles que dans la nuit ou le lendemain.
Dans "Les adieux à la reine", Benoit Jacquot nous fait revivre les 4 journées qui suivent la nouvelle dans le château de Versailles et nous présente un pouvoir en décomposition. Mais il modifie le point de vue comme on déplace une caméra pour suivre non pas la reine, moins encore le roi et son gouvernement mais une jeune femme promue "lectrice" de la reine, qui vit avec les domestiques mais que son statut amène à côtoyer toute la cour versaillaise jusqu'aux plus grands.
L'imagination des "professionnels de la profession" selon le mot de Jean-Luc Godard est telle qu'un film historique présenté aux césars est par avance voué aux récompenses concernant les décors et les costumes. "Les adieux à la reine" n'a pas échappé à ce léger mépris. Le film est cependant beaucoup plus que cela. j'ai parlé de l'angle choisi pour le scénario et qui se cache jusqu'à être absent du titre. Il faut signaler surtout le parti pris par B.Jacquot de la sobriété, de la simplicité de la mise en scène. Ici, aucune ostentation et comme souvent chez le metteur en scène on pourrait par instants se croire dans un reportage (les scènes nombreuses dans les corridors de Versailles sont les plus réussies)

Enfin, le casting et la direction d'acteurs sont à la mesure de la mise en scène: Léa Seydoux magnifique dans son dévouement à la reine, Diane Kruger qui campe une Marie-Antoinette, capricieuse certes mais sans jamais en rajouter jusqu'à Xavier Beauvois qui nous livre un Louis XVI "nature" dans son quotidien et finalement son sens de la responsabilité et son courage face à des évènements qui feraient chavirer plus d'un chef d'état. Je termine avec un acteur comme le cinéma français en a tant révélé dans les seconds rôles devenus mythiques entre 1930 et 1960. Michel Robin qui campe un vieil ermite au milieu de ses livres, ne se mêlant pas aux intrigues de la cour mais au courant de tout ce qui se passe, est toujours aussi formidable.



 (il faut revoir Adieu Berthe de B.Podalydes et les femmes les maris les amants de P.Thomas en 1988: Michel Robin: jamais une fausse note)
        les maris, les femmes, les amants     
                   

Allez courage! demain il fera jour